Black Lives Matter
Je vois le graffiti comme un autre type de publicité. De la publicité pour ceux qui en ont vraiment, vraiment besoin. Ceux qui n’ont pas de voix. Cibler ceux qui ont choisi le silence et la complicité. Ceux qui se conforment au capitalisme exigent de consommer à tout prix.
Après l’entrée spectaculaire de Banksy dans le monde de l’art établi, avec un véritable éléphant dans la pièce (par opposition au proverbial qui est toujours là), la capitale a eu l’opportunité d’usurper le graffiti. Désormais, tout le monde veut des graffitis sur les murs. Le génie Banksy s’est mordu la queue. Je parie que ça fait mal!
J’entends toujours l’appel à la bataille du graffiti. Le sifflement de la bombe aérosol dans une nuit urbaine jamais silencieuse. Je ressens encore la montée d’adrénaline. Mais je vis désormais dans une campagne isolée et la question se pose de savoir qui nourrira mes animaux si je suis arrêtée. Donc je ne réponds pas à l’appel!
Cependant, lorsque George Floyd NOIR a été étouffé sur un trottoir public par un policier BLANC souriant, j’ai dû FAIRE quelque chose. Handicapée à l’époque (opération du pied droit qui avait été écrasé par une voiture), j’ai peint un graffiti sur toile. Pour une fois, j’ai eu l’occasion de faire photographier mon travail et j’ai envoyé une copie du résultat à la base de données antiracistes de l’Université St Thomas dans le Minnesota. J’ai eu le plaisir de recevoir une réponse enthousiaste. Le Dr Shirey, historienne de l’art à St Thomas, souhaitait voir l’œuvre réalisée sous forme de peinture murale, dans le cadre d’une campagne mondiale de lutte contre le racisme. À cette fin, elle a écrit une lettre au maire d’Espéraza, que je joins ici.
M. Soula, le Maire, était apparemment conquis. Il a évoqué l’idée d’une messe contre le racisme dans l’église, il a évoqué de faire venir des journalistes… Nous avons discuté du mur qui serait le mieux adapté pour la fresque. J’ai trouvé diplomatique de me contenter du mur de la radio locale… Une radio qui n’hésite pas à aborder des sujets d’ actualité.
Quelques jours plus tard, M. Soula m’a dit qu’il avait besoin de se renseigner si la maison de la radio était une propriété privée. Or, quelques semaines après, j’ai appris que Radio Ballade paie, de longue date, son loyer à la Mairie.
La fresque antiraciste d’Espéraza n’a pas abouti. Le sujet a été occulté comme s’il n’avait jamais existé. Qu’est-ce qui a fait changer d’avis M. Soula?
I see graffiti as another kind of advertising. Advertising for those who really, really need it. Those without a voice. Targeting those who chose silence and complicity. Those who comply with capitalist demand to consume at all cost.
Post Banksy’s spectacular entry into the established art world, with a real elephant in the room (as opposed to the proverbial one that’s always there), the capital has been given the opportunity to usurp graffiti. Now everybody wants graffiti on the wall. The genius Banksy has bit himself in the tail. I bet it hurts!
I still hear the battle call of graffiti-ing. The hiss of the spray can in a never silent city night. I can still feel the surge of adrenalin. But I now live in remote countryside and there is the question of who will feed the animals if I’m arrested. So I don’t normally answer the call!
However, when BLACK George Floyd was suffocated on a public pavement by a smirking WHITE policeman, I needed to DO something. Handicapped at the time (operation to my right foot which had been run over by a car) I painted a piece of graffiti on canvas. For once I had the opportunity to have my work photographed, so I did, and sent a copy to the Anti Racist Database at St Thomas University in Minnesota. I had the pleasure of receiving an enthusiastic response. Dr Shirey, Art Historian at St Thomas, wanted to see the work done as a mural here in the Aude, as part of a world wide incentive against racism. To this end she wrote a letter to the mayor of Espèraza, which I have included here.
Mr Soula, the Mayor, was apparently won over. He talked of having an anti racist service in the church, he talked of bringing in journalists… We discussed which wall would be best suited for the art work. I thought it diplomatic to settle for the wall of «Radio Ballade», the local radio station that often tackles current issues and is not run on advertising. After a few days Mr Soula told me that he needed time to look into it as the house was privately owned. Some weeks later, having had no response from Mr Soula, I learned that Radio Ballade has been paying its rent to the Town Hall for a long time.
Something went wrong. I’ll probably never know what it was that changed the mind of M. Soula. Nothing has come of the anti-racist mural in Espèraza. The whole issue has been brushed under the carpet.
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