Le bûcheron, l’ours et la tronçonneuse

Texte original anglais et illustration de Aileen Hennes.
Traduction par Oleg Michel Tkatchouk.

« Au début régnait le chaos. Ensuite vint l’homme, et avec l’homme, la Tronçonneuse. La brume éternelle était encore présente au dessus de la forêt, lorsque l’homme prit sa tronçonneuse et se mit à abattre des arbres. Il en abattit cent mille en une seule journée. »
Félix avait rêvé. Il faisait souvent ce même rêve, et il l’aimait beaucoup. Il se leva de son lit, et la petite caravane dans laquelle il vivait se mit à trembler. Il devait être dehors pour s’étirer, et en s’étirant, il se sentait comme l’homme de son rêve. Le paysage était enseveli dans la brume matinale. Il faisait froid et humide, et cela le fit se sentir seul au monde. Félix continuait son rêve alors qu’il était debout dans la petite clairière. L’Homme avec la tronçonneuse était devenu Felix en personne, et il avait commencé à ouvrir une route. Cette route n’allait pas vraiment quelque part, mais Félix espèraient y rencontrer quelqu’un là bas.

« Jadis la forêt recouvrait la terre. La forêt grouillait de vie. Il y avait des bruissements dans les buissons, des pépiements dans les branches, on sifflait sur le sol, on se bousculait au dessus. L’eau coulait partout en murmurant, cherchant le chemin de l’océan.
Alors, le Grande Ourse dans le ciel déclara: « Qu’il y ait des ours qui se promènent dans ma forêt! » – Et depuis, il y avait des ours qui se promenaient dans la forêt et tout ce qui était dans la forêt plaisait bien aux ours ».
L’ours brun avait rêvé. Il faisait souvent ce même rêve, et il l’aimait beaucoup. Alors qu’il s’étirait sur le sol en ciment sur lequel il dormait, il se rendit compte qu’il y avait un bruit que l’on entendait pas ordinairement dans le zoo au milieu de la nuit. C’était le bruit que font les hommes.
Il dressa ses oreilles et tourna ses petits yeux vers la porte par où les hommes avaient l’habitude de passer. La porte était ouverte. Il n’hésita pas et se précipita vers la porte ouverte. Ses pas résonnèrent dans le corridor qui était derrière, et il arriva à une seconde porte, également entrouverte. Il s’arrêta et se mit à renifler dans l’air de la nuit: quelqu’un approchait. La porte s’ouvrit complètement et la silhouette de l’homme se détacha. L’ours se dressa sur ses pattes arrières et avec toute sa force se laissa tomber sur la poitrine de l’homme. L’homme tomba et l’ours l’enjamba pour se retrouver dans le monde immense et inexploré de l’autre côté du grillage du zoo. Une camionnette attendait là, portes arrières ouvertes. L’ours passa à côté sans que personne n’essaya de l’arrêter.
Il leva la tête et regarda la Grande Ourse qui scintillait dans le ciel puis il prit la direction qu’indiquait Phekda – l’étoile qui est le cœur dans le corps de la Grande Ourse.

THE WOODCUTTER, THE BEAR AND THE CHAINSAW

Text and scraperboard illustrations by Aileen Hennes.

Once upon a time there was a big, big forest… But that was long ago. Today there is a small wood and in the little wood there is a caravan. That is where Felix the woodcutter lives.

He often dreams about the time when forest covered the earth. In his dream he sometimes sees men and women. But among the fearful beasts that lives there, like the tigers, lions and bears, man is a puny and insignificant creature. Then he invents The Chainsaw…

Once forest covered the earth. It teemed with life; there was rustling in the bushes, singing from the branches, hissing from the undergrowth, scuffling on the ground and burbling from the water that ran about everywhere; looking for the ocean. Then The Great Bear in the sky said: Let there be bears to roam in my forest! And from then on bears did roam the forests and all those who lived in it were good to the bears…

The brown bear has been dreaming. It often dreams that particular dream and likes it a lot. Stretching on the concrete floor of its cage, it becomes aware of noises not normally heard in the middle of the night in the zoo. Human noises. The brown bear pricks its ears and turns its small eyes towards the door where human beings usually appear.

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